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3 septembre 2024 2 03 /09 /septembre /2024 14:28

La connaissance de soi est avant tout une destruction douloureuse à vivre. Elle vous fait vaciller, met votre vie en jeu. C'est dans la mesure où l'on peut vivre cette expérience sans se protéger qu'arrive un jour la nécessité de mourir à soi-même. Une mutation se produit. Elle a quelque chose de radical et d'irréversible. Des énergies nouvelles surgissent.

Charles Juliet (poète-écrivain mort le 26 juillet 2024)

 

Projet d'épitaphe de Flora Tristan :

Elle a parlé à des sourds

 

De nos jours le bon dieu, il a passé de mode mais le cirque macabre tourne aussi fort que jamais. Les prêtres et les poètes font toujours leur boulot de croquemorts, sous la houlette alerte des généraux, des rois, des présidents, des papes, tandis que la science, alias l'honneur de l'esprit humain, toujours aussi sublime et intéressé, fournit les moyens grandioses et impeccables des méga-massacres perfectionnés, électroniques, chimiques, biologiques, atomiques et à neutrons sur des charniers, aujourd'hui et demain. Seul Dieu se tait et quand il parle, c'est à voix si basse que personne ne l'entend.

Alexandre Grothendieck (documentaire « Les grandes traversées » France Culture)

 

Sa femme semblait le regarder avec curiosité. Souvent, il se demandait ce qu'elle pensait exactement, mais impossible de lire quoi que ce fût dans son regard : ses yeux évoquaient les fenêtres ouvertes d'une maison vide.

Agatha Christie « Le train de 16h50 »

 

Mon futur nom d'artiste électro : Juanito Mojito

 

Ce propos de Flavius Josèphe dans « La guerre des juifs » qui résonne tragiquement aujourd'hui à nos oreilles :

« (…) Ainsi l'usage des armes n'a jamais été permis à notre nation, et pour elle, la guerre est suivie dans tous les cas de la défaite. »

 

Dans l'émission spéciale d'Apostrophe de 1977 avec comme invité l'écrivain Albert Cohen (sur le site Madelen de l'INA) ce dialogue (de sourds ?) entre Bernard Pivot et l'écrivain :

 

  • A.B : Je vénère Dieu, notre dieu, mais pourquoi je le vénère ? Parce qu'il est notre élu, ce dieu de bonté, ce dieu des cinq commandements. Nous l'avons créé, c'est pourquoi je l'aime.

  • B.P : Donc, vous y croyez ?

  • A.B : J'y crois comme je vous dis. Je le révère. Il a l'existence que le peuple d'Israël lui a donné. C'est pour moi la projection dans le ciel du tempérament prophétique.

 

Mon style ? Il pleut.

Georges Siménon

 

Définition de la poésie par Jean Tardieu : Quand un mot en rencontre un autre pour la première fois.

 

Et pour finir ce mois de septembre, cette phrase d'amour que je vous offre de mon ami Franz Kafka écrite dans une de ses lettres à Milena : « Et l'éclat de vos yeux supprime la souffrance du monde ».

 

Jean Lenturlu

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4 août 2024 7 04 /08 /août /2024 18:25

Dans ma poitrine, une foule inquiète se lamentait. Les nuits sans sommeil, je pensais à un cortège qui avançait à la lueur de torches. Une procession de damnés qui cherchait à sortir de ma gorge en appelant à l'aide. Ce n'était pas un asthme d'effort mais un asthme d'effroi.

Sorj Chalandon « Profession du père »

 

Tous ces faux écrivains qui ne savent pas la littérature est un sport de combat.

 

Tous les noyaux des atomes qui nous constituent ont été engendrés au centre d'étoiles mortes il y a plusieurs milliards d'années, bien avant la naissance du soleil. Nous sommes en quelque sorte les enfants de ces étoiles.

Hubert Reeves « Poussières d'étoiles »

 

« Suis-je vraiment vrai ? » se demande le faussaire.

 

Il était difficile pour moi d'apprécier la taille de celui qui me regardait désormais fixement car à l'exception de sa tête, tout son corps était plongé dans l'eau trouble.

Le fait d'être de la nourriture pour d'autres ne m'avait en quelque sorte jamais semblé réel, comme ce fut le cas dans mon canoë, au moment où, sous la pluie battante je regardais fixement les magnifiques yeux tachetés d'or du crocodile.

Val Plumwood « Dans l'oeil du crocodile »

 

Sur le mur FB de Judith Wiard, cette citation (prétendument de Voltaire) qui introduit son cours de grammaire : « Clément Marot a ramené deux choses d'Italie : la vérole et l'accord du participe passé... Je pense que c'est le deuxième qui a fait le plus de ravage. »

 

J'aimerais vivre en retard sur mon époque.

 

A mon avis, le rôle d'auteur au cinéma doit être un rôle de non intervention ; c'est le contraire de l'auteur dramatique. Pour moi, l'auteur au cinéma doit être là pour que le pouvoir ne soit pas pris par les autres, mais pas pour qu'il impose sa volonté. Mes interventions dans mes tournages ne sont pas des interventions de direction dans le sens « dictateur ». C'est pour que le film ne prenne pas une autre tournure que celle naturelle. Je suis là pour que le film se fasse tout seul.

Jean Eustache dans « Mardi du cinéma » du 4 juin 1985, l'émission hommage qui lui est consacré intitulée « La rue s'allume » (Les nuits de France Culture, un patrimoine radiophonique)

 

Et pour finir ce mois tacheté de médailles de ketchup sur mon tee-shirt, je vous offre cette pensée de mon ami Charles Peguy :

« Il faut toujours dire ce que l'on voit : surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l'on voit. »

 

Jean Lenturlu

 

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3 juillet 2024 3 03 /07 /juillet /2024 18:00

L'humanité a connu de nombreuses périodes historiques, le Paléolithique, l'Epipaléolithique, le Mésolithique, le Néolithique et aujourd'hui il est évident que nous sommes entrés dans l'Anxiolithique...

 

La nuit, je m'invente des souvenirs.

 

Derrière la réalité sensible, le matérialisme totalitaire...

 

Nous avons tous dans le passé un jour de bonheur qui nous désenchante de l'avenir.

Aloysius Bertrand (Gaspard de la nuit)

 

J'aurais beaucoup aimé joué dans ce film de Sergio Martino (1972) qui a pour titre « Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé ».

 

J'aime Sophie Germain, cette mathématicienne née en 1776 et morte en 1831.

 

Dans l'article nécrologique de l'artiste Ben (1935-2024) écrit par Emmanuelle Jardonnet dans « Le Monde » du vendredi 7 juin 2024 cet extrait : « Affirmant que tout est art et que tout est possible en art, il s'appropriera ainsi le monde en signant tout ce qu'il trouve : les trous, les boîtes mystères, les coups de pied, Dieu, les poules etc... Il rejoindra le mouvement Fluxus en octobre 1962 et organise un festival à Nice, lors duquel il signe même la mort, déclarant que toute personne décédée pendant la durée de la manifestation sera considérée comme une œuvre d'art. »

 

Yves Saint Laurent disait d'après Monica Bellucci (Paris Match du 6/12 juin 2024) que le plus beau voyage qu'il avait fait, c'était à l'intérieur de lui-même.

 

"Je suis toujours dans le noir, c'est là que je suis bien. Je me suis caché toute ma vie, je fuis, je fuis, je fuis. Je ne sais pas quand je vais m'arrêter. Le diable me guette par derrière. Je ne sais pas quand il va me laisser, il est là, derrière moi."

Abdoulaye Barry (photographe de la nuit, mort le mardi 11 juin à 44 ans à l'hôpital de N'djamena au Tchad, suite à une violente crise de paludisme, selon ses proches) Source Libération du lundi 17 juin 2024

 

J'apercevais pour la première fois les maisons comme les voient du dehors celles qui n'ont pas de foyer. Marguerite Yourcenar « Marie-Madeleine ou le salut » dans le recueil « Feux »

 

Elle : Tu m'allumes plus vite qu'un feu de cristal.

 

Petit poème de Marion Fayolles (Postillons) :

Il me semble

Que tu as oublié

ton sexe en moi.

Je le sens remuer

et j'ai du mal à travailler.

Quand viendras-tu

le récupérer ?

 

Et pour finir ce mois qui risque d'être « chemise brune », dans le passionnant journal de Thomas Mann, cette pensée : « Les faiblesses humaines ont toujours des causes physiques ».

 

Jean Lenturlu

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2 juin 2024 7 02 /06 /juin /2024 17:35

 

  • « Bois ça ! »

  • « Je veux savoir ce que c'est. »

  • « C'est le prix d'entrée. »

Dialogue dans le film « Le Labyrinthe : la terre brûlée »

 

Je rêve d'une fosse étroite et profonde. Nous nous y tenons embrassés, je cache mon visage contre toi, tu caches le tien contre moi et personne n'y voit plus.

Franz Kafka

 

La beauté de la voix n'a pas de visage.

Bartabas dans l'émission « Affaires culturelles » de France Culture

 

En 2021, deux avant sa mort en janvier 2023 dans un accident de voiture plutôt louche, le journaliste indépendant rwandais John Ntwali prophétisait :

« On ne sait pas ce qui va nous arriver, mais on sait qu'un jour, et pas tard, quelque chose va nous surprendre.

 

Vous tous, qui savez qui vous êtes, réfléchissez d'abord à ceci : qui elle était, Albertine ne l'a jamais su. Dans cette salade de noms, qu'elle a portés, aucun n'était le sien sauf le dernier qu'elle a pu remplir d'elle. Pour fournir un état civil à cette enfant abandonnée, dont l'acte de naissance n'offrait, en guise de parents, que deux traits laconiques tout noirs, l'Assistance publique d'Alger l'avait appelée Damien : comme le « régicide » qui, pour un coup de canif donné à Louis XV, fut écartelé.

Plus tard, après une adoption révoquée, qui lui avait fourni durant un temps un autre nom, elle devait, grâce à son mariage, prendre celui de Sarrazin, revenant ainsi à ses origines, car tout laisse à penser qu'elle avait du sang arabe.

Hervé Bazin "Extrait de la préface des romans d'Albertine Sarrazin" édités par Jean-Jacques Pauvert le 14 novembre 1967 morte le 10 juillet 1967 à l'âge de 29 ans

 

Regarde-moi dans tes yeux.

 

Si un jour je suis célébré après ma mort, j'aimerais simplement qu'on donne mon nom à une impasse.

 

La seule fois que j'ai affiché complet dans une salle, ça été le jour de mon mariage (que des entrées gratuites en plus).

 

Il pleut et j'aimerais être son parapluie.

 

Pour finir ce mois, cette maxime de mon ami Chamfort :

La plus perdue de toutes les journées est celle où l'on n'a pas ri.

 

 

Jean Lenturlu

 

 

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3 mai 2024 5 03 /05 /mai /2024 11:16

« Nous ne pouvons pas éteindre l'incendie que nous avons allumé en nous » dit le pompier désespéré.

 

Quand on est acteur, on signe un contrat d'amour avec un metteur en scène, qu'il soit homme ou femme, qu'on forme un couple ou pas, peu importe, il y a cette joie d'élever une partie de soi vers un ailleurs, vers soi-même aussi, mais unis dans un mystère qu'on découvrira plus tard. Ne pas se méprendre : je sais très bien quels abus sont susceptibles de générer ce pacte ; quelles impostures aussi. On développe une intuition de plus en plus fine du seuil à ne pas laisser franchir. J'ai du apprendre à dire non, à reconnaître ce que je devais quitter.

Juliette Binoche « Entretien dans le journal Libération du 27 avril 2024 »

 

L'amour est rarement ponctuel : il arrive souvent trop tard et parfois, hélas, il est en avance.

 

La vie est cruelle : il paraît que j'étais beau et je ne le savais pas ; maintenant, je suis laid et je le sais.

 

On ne peut pas demander à qui que ce soit de nous donner du plaisir, voire de nous conduire jusqu'à l'orgasme alors que nous n'avons jamais pris le temps de comprendre notre sexe. Ce dernier point m'a fait l'effet d'une bombe le jour où j'ai compris que j'avais moi-même attendu toute ma vie un amant digne de ce nom alors qu'il était en moi.

Jüne Plâ « Jouissance Club »

 

Il faut certainement lire « La révolte des nonnes » de Régine Desforges et écouter Rosetta Tharpe.

 

Surtout ne pas tomber dans le désespoir d'aimer (conseil amical).

 

Dieu, l'amour et le Diable, un ménage à trois qui dure depuis des siècles (mon prochain livre).

 

Mon objectif de fin de vie : mourir dans les pages d'un livre.

 

Je suis le dramaturge de ma propre existence.

 

Dédicace de Cléarque :

(traduction Louis Robert) 

Etant enfant

Devient bien élevé

Jeune homme maître de toi-même

Au milieu de ta vie, juste

Vieillard de bon conseil

Ta mort sans chagrin

 

Et pour finir ce mois de mai, cette pensée de Thomas Mann dans son journal à la date du 26 septembre 1918 et que je vous offre :

« L'éducation est une atmosphère, rien de plus. »

 

 

Jean Lenturlu

 

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3 avril 2024 3 03 /04 /avril /2024 20:12

Lui : Tu penses que tu vas m'aimer un jour ?

Elle : Non, je ne crois pas.

 

Je suis un homme à rien faire.

 

Petit poème vomitif :

Sainte Alcool

Ai pitié de moi

Quand je bois

Ne creuse pas mon trou

Quand je deviens fou.

 

Paul Scarron, le poète burlesque, rédige lui-même son contrat de mariage avec Françoise d'Aubigné (la future madame de Maintenon) : « La future apporte en dot... deux grands yeux forts mutins, un très beau corsage, une paire de belles mains et beaucoup d'esprit. » Par contrat conclu le 4 avril 1652, il lui accorde aussi trois mille livres de préciput.

 

Ils ne savaient plus penser ; ils n'employaient des mots que pour communiquer.

 

Les femmes à Venise ne se réchauffaient jamais près du feu, elles n'avaient droit qu'aux braseros.

On disait que se chauffer auprès du feu était nuisible à l'ombre des femmes.

Victor Chklovski « Le voyage de Marco Polo »

 

Quelle apparence avons-nous devant le désespoir d'exister ?

 

J'aime faire l'amour en dormant.

 

De Douchanbé à Boukhara dimanche 22 septembre

L'avion est à moitié vide. Un vieux paysan couvert de cicatrices et de médailles de la Seconde Guerre mondiale occupe la rangés de sièges à côté de moi et ne me quitte pas de ses yeux curieux. En dessous de nous, l'époustouflante étendue dorée des montagnes du Pamir, avec ses sommets si blancs et ses vallées sableuses. C'est comme regarder au microscope la vieille peau ridée de la terre. Une brume violette flotte au-dessus du paysage.

Tiziano Terzani « Bonne nuit, Monsieur Lénine »

 

Je ne cours pas après les femmes, je marche à côté d'elles.

 

Et pour finir ce mois d'avril, cette pensée de mon ami Philippe Bosser :

« Le désir, ce dieu soluble dans la nécessité.

Il n'y a pas de champ libre. »

 

Jean Lenturlu

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2 mars 2024 6 02 /03 /mars /2024 10:11

Dernier appel d'homme libre de l'opposant russe Alexeï Navalny (mort en détention le vendredi 16 février dans la colonie pénitentiaire n° 3 de la localité polaire de Kharp en Sibérie) :

« La personne qui viendrait et remettrait tout en ordre silencieusement n'existe pas ; les autres pensent que cette personne c'est vous. Nul n'est en mesure de résister plus fort que vous. C'est votre devoir de résister, si vous en êtes conscient ; c'est le genre de chose qu'il est impossible de déléguer à quelqu'un d'autre. Il n'y a personne d'autre que vous ; si vous lisez ceci, c'est que vous êtes la résistance.

 

Sur l'étiquette d'un excellent vin naturel « Les 2 fauves » (cuvée l'indomptable), il y a ceci d'écrit : « Si ce que tu as à dire n'est pas plus beau que le silence, alors boit. »

 

Sur le mur FB de mon amie virtuelle Eve Oranda, cette phrase en exergue sous sa photo :

« La douleur est inévitable, la souffrance est facultative ».

 

 

Quand on voyage, on devrait fermer les yeux, dormir.

Blaise Cendrars « La prose du Transsibérien »

 

Il y a des femmes mystérieuses dont la beauté n'apparaît qu'au deuxième regard qu'on leur porte.

 

Ma devise amoureuse : De loin et de moins en moins.

 

Petite blague à raconter entre amis écolos :

Une planète bleue et une planète rouge se rencontrent un jour dans l'univers. La rouge dit à la bleue :

  • Ça va ?

  • Oh pas très fort, je crois que j'ai un peu de fièvre.

  • Tu es malade ?

  • Oui, je crois bien que j'ai attrapé l'humanité.

Et la rouge lui répond :

  • Oh ça ? Je l'ai déjà eu, ne t'inquiète pas : ça s'en va tout seul.

 

Cette définition de l'amour de Jacques Lacan que j'aime bien :

L'amour, c'est donner ce qu'on n'a pas à quelqu'un qui n'en veut pas.

 

La petite S. surprise que les salades poussent dans la terre et qui déclare à l'éducatrice : « C'est comme les morts, on les enterre pour qu'ils poussent jusqu'au ciel. »

 

Mon objectif artistique : fabriquer de l'indéterminé.

 

Conseil décourageant à destination de nos romanciers actuels donné par Herman Melville (dans une lettre à Nathaniel Hawthorne) : « A quoi bon fignoler ce qui, par son essence même, est d'aussi courte vie qu'un livre moderne ? Quand bien même j'écrirais les Evangiles en ce siècle, je finirais dans le ruisseau. »

 

Et pour finir ce mois, cette pensée (à mettre sur ma tombe) de mon ami Guillaume Apollinaire :

« Jamais les crépuscules ne vaincront les aurores. »

 

 

Jean Lenturlu

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3 février 2024 6 03 /02 /février /2024 12:16

Vite, je mouille, j'humecte, je bois. Et le tout, de peur de mourir. Buvez toujours, vous ne mourrez jamais. Si je ne bois pas, je suis à sec. Me voilà mort. Mon âme s'enfuira près de quelque marécage. Jamais l'âme n'habite au sec. Sommeliers, ô créateurs de nouvelles formes, d'un non-buvant faites de moi un buvant. Pérennité d'arrosage sur ces nerveux et secs boyaux ! Il boit pour le néant, celui qui rien ne ressent. Cela vous va droit dans les veines, ne laissant rien pour la pissotière.

François Rabelais « Gargantua »

 

Je n'ai pas de courage érotique en ce moment.

 

Puis le mège, quand le voile de lin qui protégeait le dos de la fille s'anima de mouvements spontanés, arracha d'un coup le voile et une multitude de mouches, dont le cycle de croissance s'était bouclé sous le voile, s'évadèrent du dos de la fille et elles se dispersèrent dans l'espace de la borde où elles bombinèrent beaucoup, et la détersion des plaies avait été parfaite là-dessous et leur cicatrisation était déjà bien entamée et le mège oignit la grande plaie cruciforme avec du miel.

Marc Graciano « Une forêt profonde et bleue »

 

Les agriculteurs ne sont plus des paysans.

 

Pythagore a été le premier à appliquer les rapports et les proportions de la musique à l'astronomie. Comme le dira plus tard Platon, musique et astronomie sont sœurs. Il s'agit de la fameuse « harmonie des sphères », la voix des sept planètes fixes et, en outre, de la sphère au-dessus de nous que l'on appelle « Anti-Terre ». L'ordre des étoiles fixes, Saturne, Jupiter, Mars, Soleil, Vénus, Mercure, Lune, Terre, Anti-Terre, Feu central, soit dix unités, reproduit pour Pythagore la proportion harmonique, selon des intervalles alternativement doubles et triples, comme ceux de la gamme (voir Platon, République, X, 616-617).

Note d'Anne-Marie Ozanam dans « Vies à vendre » de Lucien

 

Il me sembla que la vie des hommes est une longue procession, dont la Fortune ordonne et règle les rangs, assignant à chacun de ceux qui la composent leurs différents costumes. Elle prend l'un au hasard, l'habille en roi, lui met une tiare sur la tête, lui donne une escorte, lui ceint le front d'un diadème ; elle revêt l'autre d'un habit d'esclave, pare celui-là des grâces de la beauté, rend celui-ci laid et ridicule : car il faut de la variété dans le spectacle. (...) Mais, quand la procession est finie, chacun, rendant sa parure et dépouillant ses vêtements empruntés, redevient ce qu'il était auparavant, sans différer en rien de son voisin.

Lucien « Ménippe ou la Nécromancie »

 

Je suis contre la mort.

(Phrase écrite à l'aide de l'intelligence artificielle).

 

Son visage était ébouriffé de colère.

 

L'oeuvre de Rabelais, toute étrangère à l'humanisme classique dans sa dimension profane, c'est-à-dire en tant qu'universalité strictement psychologique du genre humain, constitue la synthèse la plus vaste dont pouvait rêver un génie nourri à la fois des grands théologiens du Moyen Âge et de l'angoisse de la Renaissance – formidable mue entre le paradis perdu et la société idéale.

Manuel de Diéguez « Rabelais »

 

Et pour finir ce mois, cette inquiétante constatation de mon ami Marcel Cohen :

Nous sommes entourés d'assassins.

 

 

Jean Lenturlu

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2 janvier 2024 2 02 /01 /janvier /2024 10:04

« Meilleurs vœux de malheur » me dit-elle avec un sourire ingénu.

 

Empêché par une maladie de participer à un exercice de manœuvre, il décida de le reproduire dans son jardin : il partit, avec son ordonnance, pour une marche en rond de quarante kilomètres. Au bout de vingt kilomètres, ils firent halte. Le soldat eut soif et s'aperçut qu'il avait oublié sa gourde ; il voulut aller la chercher, Lott l'arrêta : elle se trouve à vingt kilomètres » dit-il.

Simone de Beauvoir « La Force des choses »

 

Un ami de Paul Newman (dont la biographie sort en ce moment) disait de lui : « Il buvait pour survivre à la nuit. »

 

Je ne sais pas vivre, c'est pour cela que j'existe.

(Aphorisme retrouvé dans un vieux journal de campagne de 2005 et qui me va toujours)

 

Le poète (et traducteur) Yves Bonnefoy a proposé un jour qu'on joue Shakespeare dans le noir.

 

L'ours, notre oncle des bois, a disparu et sans que nous le sachions, il nous manque.

 

Le comble de la barbarie, c'est la vieillesse qui tue sa propre jeunesse.

Bertrand Mandico (cinéaste)

 

La laïcité française n'oppose pas la foi à l'incroyance. Elle ne sépare pas ceux qui croient que Dieu veille, et ceux qui croient aussi ferme qu'il est mort ou inventé. Elle n'a rien à voir avec cela. Elle est ni fondée sur la conviction que le ciel est vide ni sur celle qu'il est habité, mais sur la défense d'une terre jamais pleine, la conscience qu'il y reste toujours une place qui n'est pas la nôtre.

La laïcité dit que l'espace de nos vies n'est jamais saturé de convictions, et elle garantit toujours une place laissée vide d'incertitudes. Elle empêche une foi ou une espérance de saturer tout l'espace. En cela, à sa manière, la laïcité est une transcendance. Elle affirme qu'il existe toujours en elle un territoire plus grand que la croyance, qui peut accueillir celle d'un autre venu y respirer.

Delphine Horvilleur

 

S. une petite fille de cinq ans me demande d'enlever mon chapeau pour voir mes cheveux. Elle les regarde et s'exclame : « Ils sont vieux tes cheveux ! »


 

Le dragon, qui appartient en propre à la mythologie chinoise, a un corps de serpent, des pattes hirsutes, des griffes de tigre et le dos couvert d'étincelantes écailles d'or. Cent dix-sept de ces dernières sont douées de vertus bienfaisantes, les trente-six dernières sont maléfiques. Les perles dont sa gueule est ornée valent des centaines d'écus et s'il aime tous les joyaux, en revanche il abhorre le fer.

Lorsque les dragons volent dans les nuages, ils amènent la pluie, et ce sont eux qui, en venant émerger à la surface des eaux, font déborder les rivières. Si l'hiver les dragons dorment, la sécheresse sévit ; s'ils bougent dans leur sommeil, la terre se met à trembler et, quant au printemps, ils s'élancent dans les airs pour lutter les uns contre les autres, la trop grande animation de leurs combats provoque des inondations.

Kwan Kim-Gaul « Le peuple à la chevelure noire »

 

Et pour finir ce mois de janvier, cette lumineuse image de mon ami Roland Dubillard :

« La main est un labyrinthe à cinq branches. »


 

Jean Lenturlu

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5 décembre 2023 2 05 /12 /décembre /2023 14:06

Au salon du livre de Chazelles-sur-Lyon, cette dame qui fait cette confidence troublante à une auteure à côté de moi : « J'aime bien avoir un gros livre entre les mains. »

 

Je n'ai pas du tout envie de me connaître.

 

J'avoue de bonne foi que les auteurs laborieux et diligents auront lieu de me regarder comme un écrivain peu actif. J'ai mis plus de quatre années à la composition de ces deux volumes. D'ailleurs, ils sont parsemés de longs passages qui ne m'ont dû rien coûter : rien de ce que je dis de mon chef ne sent un auteur qui retouche son travail, et qui châtie la licence de ses premières pensées, et du premier arrangement de ses paroles.

Pierre Bayle « Dictionnaire historique et critique » (Préface de la première édition – 23 octobre 1696)

 

Ce que j'ai à te dire demanderait du temps et de l'espace.

 

En vieillissant, on commence à ressembler à tout le monde.

Marcel Dalio dans l'émission « Le cinéma des cinéastes » de Claude-Jean Philippe (mars 1976)

 

Le magnifique sourire de la dame qui rentre dans la librairie (Mâcon).

 

Cette dame qui vient voir la psychanalyste Anne Dufourmantelle et qui lui demande : « Je voudrais que vous me débarrassiez de l'amour ».

 

Il paraît que les Praguois avaient voulu tuer un dindon, mais comme ça leur faisait pitié de lui couper la gorge, ils lui ont donné du Véronal, ils l'ont plumé et ils l'ont plongé dans l'eau. Mais ensuite le dindon s'est réveillé et comme il aurait eu froid sans ses plumes, ils lui ont tricoté un pull-over, alors le petit dindon se promène en pull-over.

Petr Ginz « Journal 1941-1942 » (vendredi 20 novembre 1942)

 

Emma Peel me manque.

 

Les fleuves m'ont toujours attiré. Leur fascination réside peut-être dans le fait qu'ils passent constamment en demeurant inchangés, qu'ils s'en vont tout en restant, en ce qu'ils sont une sorte de représentation physique de l'histoire, qui n'est que dans la mesure où elle passe. Les fleuves sont l'histoire. Il y a tant de pays que l'on ne peut comprendre sans parcourir leurs fleuves.

Tiziano Terzani « Bonne nuit, Monsieur Lénine »

 

Et pour finir ce mois de boules de noël, cette question – réponse de mon ami Albert Camus dans ses carnets (1945-1948) :

Pourquoi suis-je un artiste et non un philosophe ?

C'est que je pense selon les mots et non selon les idées.

 

Jean Lenturlu

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