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4 novembre 2009 3 04 /11 /novembre /2009 10:38

Je vis l’automne intensément. L’automne de la vie aussi que je cotoie en rencontrant de vieilles personnes dans les maisons de retraite (attelage de mots affreux, mouroir serait plus juste). La nuit, je rêve de feuilles mortes. Quand on est vieux, on est gentil. C’est bizarre que tous ces vieux soient gentils. Gentil veut peut-être dire résigné.

Le 10 février 1793, dans son journal, Joubert écrit cette phrase mystérieuse : « Le temps est venu où sept femmes prendront un homme. » Le mystère est quelquefois ingrat.

Une vieille professeur à Annonay qui m’offre cet aphorisme (de Bernanos ?) en partant de la librairie : « Vouloir être dans le vent est une ambition de feuille morte. »

Pour qui penser, pour qui écrire, pour qui vivre ? Aucune réponse de Benjamin Constant dans son Journal pour l’instant.

Je l’aime tellement qu’il faut qu’elle me déteste.

Ecouté cette belle définition de Gilles Vignault dimanche à la radio : « La paresse, c’est la patience vécue comme un métier. »

Mon travail de tous les jours : me débarasser de l’illusion du moi. (J’ai du travail !)

Bientôt l’hiver et son manteau blanc. Cette belle image de Jules Renard dans son Journal m’y fait penser : « Sur les jets d’eau, la nuit, grandissent les ours blancs. »

Et pour finir, un peu d’histoire technique avec cette docte explication collectée dans « Les jours dangereux » de Marcel Mariën : « L’origine des pompons de la marine française remonterait à l’exiguïté des premiers vaisseaux de guerre. Ainsi, les matelots, pour ne point heurter du crâne les plafonds excessivement bas, avaient-ils eû l’idée de fixer un morceau d’étoupe au sommet de leur béret. »

C’est beau, non ?

Jean Lenturlu

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2 octobre 2009 5 02 /10 /octobre /2009 08:58

Je cours en écrivant ce journal, ce qui n’est pas très pratique pour taper sur les touches du clavier de l’ordinateur. Je n’ai jamais autant travaillé de ma vie qu’en ce moment (peut-être quand je m’occupais du Théâtre de Poche dans les années 90, c’étais pire mais j’étais plus jeune ! ) : toujours des dédicaces, fêtes du livre, des concerts aussi (j’en ai 3 en Octobre) et mes ateliers mémoires dans les maisons de retraites de la Communauté de communes de St Dier – Billom. J’ai la désagréable impression d’être un romancier : curieux de faire une page par jour, après la séance de collectage des histoires de ces vieilles personnes. Elles sont adorables. Certaines sont malheureuses de ne plus pouvoir exister. Et qu’est-ce que la vie sans existence ? Que répondre à cette révolte légitime. Je n’aimerais pas m’y voir. Pour me remonter le moral, j’ai trouvé dans un dépôt vente, hier en rentrant de Clermont-Ferrand, un petit livre de Régis Debray qui s’appelle « Le plan Vermeil ». Lecture idéale en ce moment !

Ne pas oublier que je travaille  aussi sur la création « Le songe de Don Quichotte » du Laskar Théâtre. Cette phrase qui sera peut-être dans le spectacle : « La meilleure sauce du monde, c’est la faim ; et, comme elle ne manque pas chez les pauvres, ils mangent toujours avec appétit. »

Cette remarque très pertinente de Miche Polac dans son journal (assez décevant dans l’ensemble) que je fais mienne : « Je regarde les femmes comme je regarde les panthères, fasciné, mais que ferais-je d’une panthère chez moi ? »

Le 4 septembre, à Clermont-Ferrand, journée étrange (je n’avais pas bu pourtant). Tous les gens que je croisais avaient le sourire.

Gaz hilarant municipal ?

Ses beaux yeux m’enrhument. Ne pas (trop) les regarder.

Même si nous n’aimons pas l’eau, la piscine est un lieu magnifique pour regarder  la beauté des femmes. (par contre, mon maillot de bain est ridicule)

Jean Lenturlu

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30 août 2009 7 30 /08 /août /2009 14:21
Un été dédicaces : plus d’une trentaine pendant ces deux mois d’été où j’ai rencontré de nombreuses personnes qui sont reparties avec l’un de nos livres (même si j’en suis l’auteur principal, ils sont le résultat d’un travail d’équipe donc je dis plus souvent « nos » que « mes »), et je les en remercie ici car cela m’encourage à continuer le travail difficile de diffusion…

Premier spectacle de cette rentrée, très bientôt chez « les cafteuses » à Beaumont le 11 septembre avec trois nouvelles songs… J’ai hâte d’entendre ça.

Lu avec plaisir 3 aventures policières du juge Ti de Robert Van Gulik, qui se déroulent en Chine ancienne, au premier siècle de notre ère et qui font découvrir la civilisation chinoise de l’époque.

Exemple à méditer pour notre justice dans « l’énigme du clou chinois » où le juge Ti met son poste en danger (ainsi que sa vie) en accusant une femme d’assassinat. Dans les notes qui suivent l’histoire, Van Gulik écrit qu’il a voulu montrer les risques graves qu’encourt un magistrat qui faillit à sa tâche. La loi était inviolable, mais pas le juge qui l’édictait. Les magistrats ne pouvaient réclamer pour eux-mêmes une quelconque immunité ou un privilège d’aucune sorte dérivés de leur charge. Ils étaient soumis au vieux principe chinois du fan-tso, c’est à dire au châtiment inversé, qui implique que toute personne qui a accusé à tort quelqu’un devra subir le même châtiment que la personne injustement poursuivie au cas où l’accusation se serait révélée fausse.

Si nous mettions en service ce « fan-tso » en France, il y aurait peut-être moins de monde en prison et certainement plus de juges…

En ce début d’automne, je vous conseille de boire tous les soirs une tisane d’aphorismes…

Jean Lenturlu

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11 août 2009 2 11 /08 /août /2009 13:09
En deux jours, re-lu « L’aveu » d’Artur London, exemplaire acheté ce dimanche 2 août 50 centimes d’euro à la bibliothèque de Saint-Julien Chapteuil qui bradait des livres retirés du fond
(pourquoi celui-la ?). Livre effroyable et magnifique : énergie inouïe d’un individu à survivre et comprendre l’impensable : que le Parti pour lequel il a donné sa vie l’utilise comme acteur-coupable d’un procès fabriqué qui le dépasse (la folie stalinienne) et lui impose des tortures psychologiques pires que celles qu’il a vécu dans les camps nazis pour justifier l’épuration de d’anciens communistes historiques. Avec cet argument machiavélique : « fais-le pour le parti ». La mécanique totalitaire décrite par London lors de ses interrogatoires (qui ont duré plus d’une année tous les jours à répéter la même chose !) est terrifiante. Il a tenu six mois avant d’accepter de « collaborer ». Sans vous donner de conseil, lisez ce livre pendant l’été pour avoir moins chaud.
Un écrivain est celui qui écrit (Roland Barthes).
Ce beau mot persan « djân » qui désigne à la fois le corps et l’âme (si elle existe !). En français, quel mot pourrait faire l’affaire ? (« l’être » ?)
Mes débuts de spectacle sont souvent catastrophiques. C’est que je tente de partir du chaos de moi-même pour lentement construire une émotion originale avec le public qui devrait se terminer par une extase (un état de grâce intemporelle) : je n’y arrive jamais.
Rien que cette définition me récompense de l’achat (2 €) de ce livre de Philippe Bosser intitulé « les révêries de la phrase célibataire » chez Plasma (1980) : « Les yeux : les seuls points d’eau dans le désert de la viande »
Cette femme me hait tellement qu’elle aimerait me faire l’amour une bonne fois pour toute.
Jean Lenturlu
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2 juillet 2009 4 02 /07 /juillet /2009 17:15
Le malin est partout.
Entendu cette anecdote dans un bar il y a quelques années : Des ouvriers effectuant des réparations dans une église sont obligés de déplacer une vierge Marie. Ils demandent (naïvement ? ) au curé s’il n’a pas pas un diable…

Il faudrait quelques fois souffrir la vie comme certains vignerons (hélas) souffrent le vin. (On aurait souvent mal à la tête !)

Dans le journal de Soeren Kierkegaard, cette phrase qui me ravit : “Ces temps-ci mon malheur est tel qu’en rêve je suis indescriptiblement heureux”.

Je suis en admiration devant mon impuissance artistique.

Envie d’écrire un nouveau livre en trois jours, enfermé dans une chambre d’hôtel avec un tonneau de Caipirinha.

14 dédicaces, 2 fêtes du livre et 2 concerts ce mois de juillet, de quoi remplir d’humanité le vide de mon esprit et mes yeux noirs.

Ecrire de la poésie à une femme mariée est une belle histoire d’amour platonique.

Je lis Grisélidis Réal (putain – écrivain) qui exerçait ses nombreux talents à Genève et sautait de joie quand elle pouvait revendiquer publiquement sa profession de péripatéticienne à la face des biens - pensants. Dans « La passe imaginaire », lettres qu’elle envoie à Jean-Luc Hennig dans les années 1980, au milieu de descriptions comiques et pathétiques de la misère sexuelle des hommes, elle écrit aussi cela : « On ne vit bien que dans la douleur,  pour se laver avant les joies et préparer le terrain pour de grands bonheurs sauvages. »

Jean Lenturlu

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5 juin 2009 5 05 /06 /juin /2009 11:05
Le petit Anis (3 ans) qui me déclare hier soir : « Moi je commence à grandir ».
Nous grandissons toute la vie et notre achèvement doit être une autre forme d’agrandissement…
A Valence la semaine dernière, dans la grande rue (qui est piétonne), devant la librairie Notre temps, j’étais derrière ma petite table à dédicaces (il faisait beau) quand est arrivé un homme un peu éméché d’une trentaine d’années avec un gros sac à dos qui s’est posé à côté de moi. Il a vu mes livres et m’a demandé d’emprunter Balthazar Cannibale qu’il a commencé de lire en face de moi, assis par terre, le dos appuyé contre une porte d’immeuble. Quand il ne comprenait pas un aphorisme ou une note de lecture, il venait me demander de la lui relire et de lui expliquer ce que je voulais dire. Il venait aussi régulièrement boire une gorgée de sa bouteille de vin en plastique qu’il avait dans son sac à dos. Cela a duré toute l’après midi. Ce mélange de perdition et de culture en lui était bouleversant. A la fin de la journée, je lui ai offert le livre pour qu’il puisse continuer de le lire après mon départ.
Cette femme ne m’aime pas mais me désire. L’amour primitif est un antidote à la passion du mariage qui m’agite. (Me marier en robe blanche à l’église comme ma sœur)
Les programmateurs de spectacles de ma génération m’ont beaucoup déçu par leur médiocrité et leur manque d’intelligence à reconnaître mon talent. J’espère qu’à soixante-dix ans, je séduirais leurs successeurs qui seront loin d’être des imbéciles (ils peuvent déjà m’appeler au 06.03.00.11.02).
Réveillé ce matin très tôt avec cette inscription au feutre sur mon bras : « Jette toi à l’aube ». Ce que je ne manquerais pas de faire demain matin avec mon parachute doré.
Jean Lenturlu

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7 mai 2009 4 07 /05 /mai /2009 09:03
Trois jours d’humanité et d’échanges intenses avec le public et les artistes présents pendant les 3 jours de fête à l’occasion de l’anniversaire des 10 années d’existence du Laskar Théâtre à Mauzun (ce début mai). Le temps (ensoleillé) a été le plus beau cadeau offert à la cie.  De nombreux spectacles invités dont le cirque Rouages, jeune équipe artistique étonnante par sa maturité, sa simplicité humaine et son talent collectif. A 20 ans, je crois que j’aurai aimé vivre cette circus forme  d’aventure créative en saltimbanque nomade avec notre groupe de l’époque « Antisthène ».
J’ai eu envie d’aller au cimetière de Montrouge sur la tombe de Fanny Forestier (la tante de Paul Léautaud) après avoir lu le livre de Mary Dormoy (la vie secrète de Paul Léautaud).
Merlin se penchant sur mon berceau a murmuré : « … mais il sera chaud et luxurieux comme chien jusqu’à sa mort. »
J’ai évité de tomber dans ses grands yeux bleus qui brûlaient car j’aime l’amour de loin.
Dans « Dalva » de Jim Harrison, cette curieuse théorie rapide qui me semble proche de mon état (après ces trois jours alcoolisés) : « Les violentes gueules de bois présentent une pathologie sexuelle que je n’ai pas très bien comprise ; l’alcool absorbé en grande quantité agit comme un traitement de choc, et le lendemain matin, la vie sexuelle non vécue vous frappe de plein fouet. »
Ce mardi 5 mai, dans une rue de Billom, Louise (4 ans) qui me
dit : « J’espère que demain il fera jour. » Il n’y a hélas que les enfants qui savent la vérité enfouie et nous passons le reste de notre vie à la recouvrer.
Jean Lenturlu

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2 avril 2009 4 02 /04 /avril /2009 15:42
Les enfants posent souvent de manière naïve des questions fondamentales. Comme ma petite fille Louise il y a quelques jours qui me demande : « Avant d’être un papa, as-tu été une maman ? »

Après la mort d’Alain Bashung, numéro spécial dans Libération avec des extraits d’interview au fil de sa carrière dont ceci : « Quand on crée de la musique, consciemment ou inconsciemment, on a envie que cela plaise à quelqu’un. Généralement, on ne lui dit jamais. Ca facilite les choses quand on connaît la personne que l’on veut séduire. Quand ce n’est pas le cas, il faut trouver son fil soi-même. (…) Faire l’artiste, c’est continuer à faire l’enfant, professionnellement cette fois. Ce que je n’ai pas su dire comme père, j’ai parfois essayé de le dire dans ma musique. Ce que je n’ai pas su dire comme mari, comme amant aussi. »

Cette phrase de Natalie Barney pêchée dans un petit livre d’aphorismes « Un panier de Framboises » que j’ai trouvé sur le stand d’un bouquiniste (salut à toi JB) au marché de la poésie de Nantes : « Le couple est un nœud coulant. »

A Bourg-en Bresse vendredi dernier, dans la rue, devant la librairie du Théâtre, cette jeune femme au regard noir charbon qui est passée devant ma table de livres et qui est revenue pour m’acheter une « forêt » m’a fugacement donné l’envie d’être mineur de fond.

En ce moment, j’ai envie de boire des femmes. (Le printemps n’y est pour rien)

Je vous offre cet aphorisme de Sam Sheppard à méditer un mois : « La vie c’est ce qui vous arrive quand vous rêviez de faire autre chose. »

Jean Lenturlu


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2 mars 2009 1 02 /03 /mars /2009 13:35
Je travaille sur une adaptation théâtrale de « Don Quichotte » de Cervantes avec la Cie Laskar Théâtre. Je découvre cette œuvre avec ravissement. Elle devrait être publiée par l’école des loisirs pour les enfants de 10 ans. Un petit extrait pour vous faire rire :
Don Quichotte : « Si seulement j’avais pensé à remplir une fiole avec de l’élixir de Fier-à-Bras, il aurait suffit d’une goutte pour nous épargner du temps et des remèdes. »
Sancho Panza : « Quelle fiole et quel élixir ? »
DQ : « Un élixir dont j’ai gardé la recette en mémoire ; quiconque l’a en sa possession n’a plus à redouter la mort, ni à craindre de succomber à aucune blessure. Quand j’en aurai fait, je t’en donnerai ; si tu vois au cours d’une bataille, qu’on m’a coupé le corps en deux - ce qui arrive fréquemment -, il te suffira de ramasser sans qu’on s’en aperçoive la partie tombée à terre et, délicatement, avant que le sang ne se fige, de la replacer sur l’autre moitié restée en selle, en faisant en sorte qu’elles soient parfaitement ajustées l’une à l’autre. Ensuite, tu me donneras à boire deux gorgées seulement de cette potion, et te me reverras aussitôt frais comme un gardon. »
Nous allons recommencer les concerts au Puy de La Lune à partir du 18 mars. Retrouver un lieu familier pour jouer est confortable. Je comprends Barbara qui habitait dans le théâtre où elle chantait…Il y a quelques années, nous avons joué une semaine à Chok Théâtre à St Etienne et n’ayant pas envie d’être hébergé par les amis stéphanois, j’avais les clefs du Théâtre et je dormais dans un duvet sur la scène – appartement du spectacle (il y avait un tapis, un fauteuil, un divan, une armoire et tout le matériel son). Une nuit, j’ai rêvé que je me réveillais et que le public était là, bien sagement assis à attendre que je commence à chanter. (sueurs froides)
C’était mieux que de rêver d’une salle vide !
Jean Lenturlu

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25 janvier 2009 7 25 /01 /janvier /2009 18:46
J’aime bien Antoinette du Ligier de La Garde (1638-1694) et son poème « Air » est devenu depuis aujourd’hui dimanche 25 janvier une petite chanson légère que je vais peut-être chanter au prochain concert…
Conseil aux maris qui me lisent : Ne pas oublier de rester l’amant de sa femme.
Dans un court-métrage de Laurel et Hardy (les bonnes d’enfants) ce dialogue savoureux dans le noir  entre nos deux compères: Oliver « Pourquoi as-tu utilisé cette allumette ?   Stanley : « Pour voir si la lumière était éteinte. »
Lumineux non ?
Ses yeux bleus me font couler au fond de mon désespoir (mais son sourire me sauve).
Je commence avec l’âge à apprécier qu’on me traite d’artisan. Je laisse le mot artiste à ceux qui croient encore qu’ils ont du talent.
Refuser d’être connu était son unique réussite sociale.
Le rêve du désir – Le cauchemar de la jouissance.
Je pense ce soir à Louis Soutter : « Sans espérance / jamais plus / tu ne toucheras / les peaux / blanches / de tes sœurs / épuisées / de douleur. »
Jean Lenturlu
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